Recit de voyage en train : a la decouverte du civisme chinois

Non, je n'ai plus 20 ans.

Ainsi me le rappellent ces longues et eprouvantes escales. Je me souviens de telS trajets, en Afrique. Ils etaient agrementes par la magie et l'ironie de l'operation : le vehicule delabre, le surnombre, la cohabitation avec les poules. Que c'etait amusant et que je me sentais vivre au milieu de ce tumulte! Alors, ai-je vieilli ou suis-je repue de ces virees exotiqueS? Ou alors est-ce tout simplement, a nouveau, un probleme entre moi et... la Chine ?

  

Ainsi le conte de mes escales sur nos projets de terrain ou le temps passe a me vehiculer est equivalent a celui passe activement ou je suis attendue ... :

 

Le paysage ne m’apparait pas suffisamment féerique ou visible pour que je puisse oublier mes douleurs « fessiales » J. Eh oui, le train, c’est ce qu’ils appellent des « hards sits » alors on en prend plein le c… bien sur. Et lorsqu’on est sur des routes de campagne, on tressaute a l’arriere de vehicules qui, bien qu’adaptes parfois au tout terrain, restent de fabrication chinoise… (A ce propos, quelques anecdotes rigolotes : les vehicules au look de 4*4 ne le sont pas toujours… On peut etre dans une voiture chinoise d’une marque diverse (y’en a pleins pleins), mais le volant, d’origine, a l’insigne Mitsubishi ! C’est pas parce qu’une moto est estampillee Yamaha sur son reservoir que c’en est de fait une…les contrefacons vont bon train...)

 

Alors que l’on passe devant le grand edifice presque vide comme tres souvent du Parti Communiste local, on s’aventure sur des chemins de terre dont les rigoles et autres nids de poules forcent la reflexion sur l’utilisation des fonds publics…

Ces onze jours de remuement de toutes les particules de mon corps se sont termines par un retour sur Kunming de 10 heures de train de nuit, assise sur ces fameux « hard-sits» car il n’y avait plus de couchettes.

Et la, et bien ce fut la meme chose que ce que j’avais endure auparavant, mais... en pire… Impossible de fermer l’œil de 9h du soir a 7h du matin. On pourrait croire que seuls ces sieges bien nommes etaient a incriminer, mais non mais non : il m'a ete donne de beaucoup apprendre si ce n’est comprendre, des comportements chinois… Figurez-vous que pour ceux qui ont decide qu’il était vain de tenter de dormir, on fait fi de l’entourage qui s’en donne la peine. Alors on papote, on papote! Avec les decibels a la chinoise s’entend, et parfois meme plus, car, forcement, les bruits du train genant les conversations, il faut bien les couvrir… Ensuite, il y a le perpetuel va et vient (la aussi : a pas d’heure) des vendeurs de tout et n’importe quoi (certains s’imaginent que vendre une soupe a 2, 3 ou 4 heures du matin est du ressort du possible… Et force est de constater avec grand peine que, oui, c’est bien le cas…). D’autres enfin, et c’est bien la que mes forces concentrees sur l’analyse de tout ce bordel m’ont lachees, s’evertuent a vendre a n’importe quelle heure bijoux, totems ou autres bibelots.

Coincee entre un bebe a ma gauche et un autre devant, je savais que la nuit serait difficile... Mais de la a rajouter le piaillage d’adultes et les harangues des vendeurs ambualants...C'en etait beaucoup.

Mais, alors que j’avais essaye d’integrer cela dans ma tete et que je tentais de faire force de compassion que toute integration en pays etranger impose, voila que je decouvrais le meilleur : a 3 heures du matin, alors que Morphee avec ses efforts recurrents avait reussi a me prendre tout au moins dans un de ses bras, M. le policier de mes fesses vient me reveiller et me demander mon passeport. Et la, mais alors LA, vous vous dites : non, c’est pas possible, c’en est trop et c’est trop fort. Car, apres des tentatives multiples (toutes quasi vaines) pour trouver une position qui pouvait m’accorder le repos, voila a quoi je ressemblais : a moitie penchee sur le cote, un bandanna couvrant la moitie superieure de ma tete pour me parer des lumieres (non tamisees remarquez), mon anorak me servait de butee pour que ma tete se tienne assez droite et que j’evite _tout au moins_ le torticolis. J’etais ainsi quasi invisble… Etant donne que j'ai beaucoup travaille le sujet, autant en faire profiter tout le monde : manuel d'utilisation du dormeur des "hards sits" : 

1.vous disposez votre anorak sur le cote ou votre amie (collegue) se tient, en ayant soigneusement dipose un petit bagage entre vous deux pour que l’une ou l’autre puisse de temps en temps y reposer sa tete (petite annecdote : elle est gouine, ma copine - collegue, alors j’avais pas tellement envie de lui preter mon epaule ou mes genoux a des fins de repos…). 2.  Vous vous assurez que l’anorak est bien coince grace au poid de votre corps entre vous et ce bagage. Ainsi, en ajustant la longueur qu’il vous faut, vous prenez la capuche de votre anorak, vous vous parez entierement la tete avec et vous vous penchez delicatement sur le cote, jusqu’a ce que la tension se fasse, et que votre tete, qui ne pendouille pas tout a fait, n’entraine pas le reste de votre corps dans la bascule que tout endormissement provoque. 3. Vous jouissez de cette position aussi longtemps que possible.

Ah !! J’avais trouve la solution !!! Eureka !!! Quasiment invisble du monde exterieur et de ses lumieres agressives, seuls les bruits desormais pouvaient me gener… Il ne me restait plus qu’a travailler cela avec attention et meditation dans ma petite tete mais je me faisais confiance : j’arriverai a elever l’esprit au point d’oublier ce qui se passait autour de moi… Ahahah, j’en etais presque toute fiere (je pouvais montrer aux chinois qu’un « Lao Wai » ca peut avoir de bonnes idees). C’est donc avec stupeur, effroie et colere que j’ai acceuilli le geste de ce policier qui m’a demande de me reveiller alors que sous cet edifice que je m’etais contruit rien n’indiquait : « ici Lao Wai, veuillez proceder a un examen ».

C’en était de trop : j’etais (je suis) desormais certaine que le sans-gene chinois m’est insupportable. Je suis prete a parier que j’etais la seule blanche du train. Qu’avait-il a venir m’emmerder a une heure si tardive quand d’evidence c’est qelqu’un qui lui avait indique qu’un Lao Wai trainait quelque part dans les wagons? Il voulait s’acquitter de sa tache : etre sur que ce Lao Wai était en regles (les policiers aiment bien maintenir la pression). Pourquoi donc, ne l’a-t-il pas fait entre neuf heures et minuit ? j’aurais au moins pu lui accorder l’excuse du travail bien fait… Non, vraiment vraiment, la, sur ce simple geste, ce policier a porte le coup de glas.

Enfin, alors que desormais mon enervement était tel que mes ambitions sur le plan de la meditation et du contrôle de sois était devenues vaines, j’ai fait decouverte de comportements encore plus outranciers :

Arrivee a une station, je ne sais plus laquelle, vers les 4 heures du matin, mon voisin de train sort precipitament tous ses bagages et les fait tomber, les uns apres les autres, du haut de leur perchoir. Sans trop se soucier de savoir si durant cette execution, il heurtait ou non quelques compagnons de voyage. Or, et bien oui, ben voui… Bref, la encore, alors que Morphee avait tente de revenir vers moi pour une derniere petite echappee, se disant sans doute que je meritais vraiment quelques minutes de paix apres tous ces jours de terrain ereintants, s’est vu rembarree a des kilometres lorsque ce compagnon de voyage m’a gentiment offert un adorable coup qui m’a fait passer de la position ou j’etais a une position encore plus loufoque. Non, decidement, je ne comprends rien, mais rien du tout, a ces chinois et leur sans-gene.

Les pardons sont rares, les merci egalement, dans la langue chinoise, cela en dit peut etre long… Et pourtant, je connaissais la meme chose en Tanzanie, mais il me semble tout de meme que les gens etaient plus respectueux les uns des autres. Je ne me souviens pas avoir été aussi abasourdie par un tel manque de ce qu’il serait convenant d’appeler, si vous me le permettait.. CIVISME….

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