Le bonheur béat de la ballade dans Carrefour !

On se dit qu’on n’ira pas.

Qu’il paraît que les chinois ont tourné cet emblème français à leur avantage au point de ridiculiser les patrons de la chaîne qui n’ont vu que du feu lors des transactions avec leur franchise sinologue. Ainsi en va-t-il pour beaucoup de business ici. On signe un contrat mais on ne sait pas s’il sera respecté à la lettre… Par exemple, on signe pour un bail d’une durée déterminée mais on peut tout de même être mis dehors avant echeance (avec une légère compensation dans le meilleur des cas). Les propriétaires ont tous les droits. Ainsi les patrons de Carrefour de ce coté là du continent Eurasie ont-ils tôt fait de le rappeler à nos honnêtes ronds de cuir…

 

Donc on se dit qu’on n’ira pas.

Parce que les petits marchés, le soir, les petites échoppes qui vendent les nouilles, les Bao Ze (petits pains à la vapeur fourrés de toutes sortes de délices), le riz sauté ou le riz cuit accompagné de saveurs toutes plus sympatiques les unes que les autres, sont autant de morceaux de vie que l’on aime à s’approprier quand on flâne. C’est un petit bonheur que de rentrer dans un restaurant nouveau, d’essayer de baragouiner ce que l’on souhaite manger, se retrouver avec des choses parfois bien curieuses dans son assiette. Certes, j’ai bientôt fait le tour des mets les plus communs, mais ce contact avec la langue locale m’est important, même s’il reste bref et superflu. Dernièrement, un petit restaurant arabe qui vend des brochettes, des frites, des nans, m’a fait l’heureuse surprise de cacher à son étage une petite terrasse ou j’ai donc mange à l’improviste. C’est bien la preuve que ces petites excursions sont des chasses au tresor avec tickets gagnants recurrents.

Des petits secrets à connaitre comme cela dans la ville, loin des sentiers battus, c’est très agréable...

 

Donc on se dit que l’on peut tenir, avec du riz, des nouilles, du porc et de temps en temps de la bonne barbeuk achetée au marché. Et puis un beau jour, on passe devant et il se trouve qu’on a le temps… Alors on s’arrête, histoire de voir ce qu’il y a a l’intérieur. Beaucoup d’occidentaux y vont, vous en parlent, alors allons-y voir… C’est donc par l’entrée d’un très grand édifice que je comprends que le géant de la grande distribution française se tient : une enseigne au C mêlé d’une flèche rouge est affichée au premier étage, en haut des escalators qui invitent à s’y rendre. Ce rez de chaussée est une galerie marchande. Tiens, Carrefour mélange son business à celui des magasins de chaussures, d’habits, de produits de beauté… C’est très ressemblant à ce que je connais déjà… On arrive au premier étage : pareil, une galerie marchande, mais celle-ci, elle borde des tas de caisses où les clients s’affairent avec des... CADDIES ! ouah ! ben dis donc, c’est comme chez nous. Et là, de l’autre côté des caisses, que vois-je ? Des rayons « à la mode Carrefour ». Tout bien alignés, avec des têtes de gondoles. Un peu étroits, certes, les rayons. Et bondés de monde, certes, mais en un éclair de temps je vois maman faire les courses à Saint Clément ! J’aurais presque l’instinct de la chercher ! Oh ! Trop rigolo ! Alors on rentre, oui oui, on rentre, c’est un sentiment de nostalgie et d’excitation qui vous prend tout d’un coup : c’est comme un contact soudain avec un monde que vous avez quitté mais dont vous connaissez tous les recoins et dont les règles font partie de vous. Un peu de laisser-aller, et cet air de « comme à la maison » vous pousserait presque à chausser les pantoufles ! Pffff ! En espadrille dans le magasin, imaginez la touche : ). Alors bien sûr, pour déguster cet instant de plaisir, je ralentis le pas. Je flâne, je traine… OHHHH « des Petits Ecoliers ! » Ohhhh !!!! la marque « Carrefour Discount » sur des Olives de Grèce! Ohhhhh des Corn Flakes de chez Kellogs ! Et plein et plein et plein de produits que je connais, dans le rayon « produits importés » (c’est écrit dessus). Ok, il est petit, ce rayon, mais je n’arrête pas de lui sourire béatement ! Si les barres de céréales avaient la parole, elles me traiteraient de dégénérée ! Bon donc je déambule, bulle de plaisir…

 

Malgré les 4 rayons de sucreries, les énormes tas de café lyophilisé, thés en tout genre, champignons séchés, soupes en sachets, ainsi que des petits bacs individuels ou riz blanc, riz complet, toutes sortes de céréales et d’épices attendent la main d’un cuisinier inspiré qui viendra les mixer dans un sachet avant d’être pesés, je sens un petit air de France qui traine et ça me tire le « smile ». Je pense que les gens le remarquent car certains me regardent bizarrement… De déambulations en découvertes heureuses, me voila d’un coup nez à nez avec le rayon (les deux en fait) de VIN ! Oh puré, oh puré, oh puré !!! Comme l’eau me monte a la bouche (je peux pas dire le vin la hein ?) ! Mon Dieu Mon Dieu, je suis une poivrote ou quoi ? Que de joie, que de plaisir, à regarder ces bouteilles, la plupart rouges (ils ont bon gout ces chinois : )), gonflant le ventre pour étaler fièrement leur étiquette !. Vite vite, je me précipite : où se trouve la France dans tout cela ? Et bien on lui réserve la part belle : des Bordeaux, beaucoup de Bordeaux. Un Château Laffite de 2008, des Médocs, beaucoup. Un vin de la Cave de Roquebrun (mais oui !), et un autre « Pays d’Oc », une certaine cuvée « Paradox ». Une petite trentaine je dirais de vins français. Bien sûr, je ne les connais pas pour la plupart, mais j’ai l’impression que toutes ces bouteilles sont de petits êtres familiers qui me regardent en me disant « alors, contente de nous voir ?? » Oh que oui Oh que oui!

 

Cette émotion passée, mon regard parvient à se décrocher de ces captivantes pour s’abaisser sur les étiquettes de prix et là, bon, bien, évidemment, l'enthousiasme retombe un peu… C’est un peu cher de payer le JeanJean consacré à l’export trois ou quatre fois son prix… Surtout lorsqu’on sait qu’ils sont exportés avec les défauts de leurs qualités (les règles imposées aux vignerons français ne sont plus quand il s’agit de franchir la frontière), … Et on a beau en baver d’envie, se faire pigeonner par un français en Chine ce serait quand même fort de café ! Alors on se contente de contempler les valeurs sures : les Chateaux Laffite et Autres. Mais on ne peut QUE les contempler… Car le 0 de trop au prix est prohibitif... Alors on se retourne et on se trouve face à la gondole chinoise des vins… rouges également ! Là les prix sont plus abordables, et on en reconnait un ou deux qu’il vous a été donné de gouter et que vous avez apprécié. Même s’ils sont très tanniques et parfois même acides, certains vins chinois se défendent. Je les comparerais pour certains à des Corbières de chez nous (parmi les plus moyens…). C’est un peu ce qu’ils me rappellent. Mais jamais, oh grand jamais, je ne pourrai gouter un vin chinois et me donner l’impression d’être en France, même en fermant les yeux. Le vin est définitivement, profondément, en ce qui me concerne, un produit français. Les innombrables choix, les gouts, la culture, le mérite, le terroir… autant de mots, de vécu, de paysages et de gens qui en font, plus qu’un produit, un morceau de pays. Un morceau de mon si beau pays… Hey hey hey hey…

 

C’était une petite poésie inspirée par Carrefour ! Carrefour c’est beau la Vie ! (heu non, ça c’était Auchan non ? :) )

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